En Suisse, le tabagisme, qu’il soit actif ou passif, est responsable de milliers de décès chaque année. Peu importe la quantité de tabac consommée, inhaler de la fumée régulièrement augmente les risques pour la santé. Parmi les décès liés au tabac, environ 25 % sont dus à des maladies cardiovasculaires, un chiffre qui atteint 30 % chez les femmes.
Près de 25 % des décès cardiovasculaires avant 70 ans sont directement liés au tabagisme. Plus inquiétant encore, le tabac est responsable de 80 % des infarctus du myocarde chez les moins de 50 ans. Même fumer une seule cigarette par jour augmente de manière significative ces risques. Le tabagisme passif n’est pas en reste : une exposition de plus de 22 heures par semaine augmente le risque d’infarctus de 62 %.
Les effets du tabac sur le cœur et les vaisseaux sanguins
Infarctus du myocarde
Le tabac perturbe gravement le fonctionnement des vaisseaux sanguins. Sous l’effet du tabac, les artères, qui normalement se dilatent pour ajuster le flux sanguin, subissent des spasmes qui les rétrécissent. Cela empêche le cœur, et en particulier les artères coronaires, de recevoir suffisamment de sang et d’oxygène. Résultat : la mort progressive des cellules cardiaques, entraînant un infarctus du myocarde.
Inflammation et athérosclérose
Le tabac favorise l’athérosclérose, un phénomène où les parois des artères se durcissent à cause des dépôts de graisse. Cette accumulation réduit la circulation sanguine, tandis que l’inflammation générée fragilise les plaques graisseuses, augmentant ainsi le risque de formation de caillots sanguins. Ces caillots peuvent provoquer une thrombose en obstruant une artère. Le tabac réduit également le taux de « bon » cholestérol (HDL), ce qui contribue à l’accumulation de dépôts graisseux.
Hypertension artérielle
Le rétrécissement et la perte d’élasticité des artères dus au tabagisme augmentent la pression artérielle, provoquant une hypertension chronique. Cela sollicite excessivement le système cardiovasculaire et augmente le risque d’accidents vasculaires cérébraux (AVC), de ruptures d’anévrisme et d’artériopathies. L’hypertension peut aussi entraîner des troubles visuels, une insuffisance rénale et des problèmes cognitifs.
Coagulation sanguine
Le tabac favorise l’agrégation des plaquettes sanguines et augmente la concentration de fibrinogène, une protéine clé dans la coagulation. Cette combinaison augmente la viscosité du sang, accroissant le risque de thrombose. Cela peut mener à des complications graves, telles que l’AVC ischémique, l’embolie pulmonaire et la phlébite. Chez les hommes, cela peut également provoquer des troubles de l’érection.
Influence du tabac sur le comportement alimentaire
Le tabac altère la perception du goût et de l’odorat, incitant souvent les fumeurs à privilégier une alimentation riche en sucres et en graisses saturées. Cela contribue à détériorer la santé cardiovasculaire.
Le tabagisme chez les femmes : un enjeu majeur pour la santé
Risques accrus chez les femmes
Il est généralement admis que les femmes courent moins de risques que les hommes en matière de maladies cardiovasculaires, mais cela n’est vrai que pour les non-fumeuses. En revanche, les fumeuses présentent un risque équivalent à celui des fumeurs, voire supérieur en ce qui concerne les maladies coronariennes. Ces dernières années, l’augmentation du tabagisme chez les femmes a conduit à une hausse significative des maladies cardiovasculaires dans cette population.
Tabac et hormones féminines : une combinaison dangereuse
Le tabac a des effets spécifiques sur les femmes, notamment en interférant avec le système hormonal. Il diminue la production d’œstrogènes, ce qui entraîne des irrégularités menstruelles et des troubles de l’ovulation. De plus, l’association du tabac et de la pilule contraceptive accroît considérablement les risques de troubles cardiovasculaires, tels que la phlébite, l’AVC et l’embolie pulmonaire. Les femmes enceintes qui fument risquent des complications graves, tant pour leur santé cardiovasculaire que pour le bon déroulement de la grossesse et le développement du fœtus.
Comprendre le lien entre tabac et maladies cardiovasculaires
La fumée de cigarette contient de nombreuses substances toxiques, dont le monoxyde de carbone, qui a une affinité bien plus grande que l’oxygène pour les globules rouges. Lorsqu’il se fixe sur l’hémoglobine, il réduit la capacité du sang à transporter l’oxygène vers les tissus, ce qui perturbe le fonctionnement du cœur, notamment du myocarde. De plus, les toxines présentes dans la fumée entraînent une inflammation des vaisseaux sanguins, favorisant l’accumulation de plaques de cholestérol et la formation de caillots. La nicotine augmente aussi la pression artérielle et accélère le rythme cardiaque, ajoutant une pression supplémentaire sur le cœur.
Arrêter de fumer pour préserver son cœur
Les bienfaits de l’arrêt du tabac sur le cœur et les vaisseaux sanguins sont largement documentés. Chaque cigarette, même occasionnelle, représente un danger pour la santé cardiovasculaire. Les experts recommandent l’arrêt complet du tabac. Plus tôt ce sevrage intervient, plus les risques de complications cardiaques diminuent. Si l’arrêt se fait avant 30 ans, les bienfaits pour le cœur sont quasi immédiats. Toutefois, il n’est jamais trop tard pour arrêter, même après 50 ans.
Les étapes de récupération du système cardiovasculaire après l’arrêt :
- Dès les premières heures : la pression artérielle et le rythme cardiaque se stabilisent, réduisant ainsi la pression sur le cœur et les vaisseaux sanguins.
- Dans les jours et semaines suivantes : la fonction pulmonaire s’améliore, favorisant une meilleure oxygénation du sang et réduisant le risque de caillots et d’athérosclérose.
- À long terme : l’arrêt du tabac diminue considérablement le risque de maladies graves telles que les cardiopathies coronariennes, les AVC et l’insuffisance cardiaque.
Arrêter de fumer améliore également la santé générale en réduisant le risque de cancers et de maladies chroniques.
Les stratégies pour réussir le sevrage tabagique
Pour arrêter de fumer et réduire les risques cardiovasculaires, il est important de se fixer des objectifs réalisables. La motivation doit venir de soi, mais l’accompagnement d’un entourage et des spécialistes peut renforcer la détermination. Voici quelques méthodes efficaces pour réussir son sevrage :
- Substituts nicotiniques : patchs, gommes, comprimés ou inhalateurs peuvent soulager le manque de nicotine sans les substances nocives de la cigarette.
- Médicaments sur prescription : certains traitements peuvent offrir une aide temporaire.
- Thérapies cognitives et comportementales (TCC) : elles aident à changer les schémas de pensée associés au tabagisme, en particulier pour ceux qui fument sous l’effet du stress ou dans des contextes spécifiques.
Méthodes sans substitut : laserothérapie, hypnothérapie, acupuncture, etc.